Le burn out ou tsunami émotionnel : Comment survivre?

Le burn out, c’est une combustion intérieure, à l’image d’un immeuble dont la façade serait intacte mais dont les étages seraient calcinés après un incendie. “Je suis cramé” dit une personne touchée par le burn-out en évoquant une situation qui se détériore de jour en jour avec une perte progressive du sommeil, des troubles de l’attention et des maux de tête de plus en plus violents. Et d’ajouter: “j’arrivais au bureau à 11 heures, car je ne parvenais pas à me lever avant, et je repartais à 15h30, essoré. Une fois chez moi, je m’installais sur le canapé et j’y restais jusqu’à la fin de la journée.” 

Ce sujet non considéré par la Haute Autorité de Santé comme une maladie, mais comme un syndrome, est encore tabou et souvent méconnu. Alors qu’il touche maintenant toutes les catégories sociales, sans distinction de sexe, d’âge ou de métier, ce phénomène a pris toute son ampleur avec l’arrivée du Covid.

Bien qu’encore peu connu du grand public, nous allons tenter d’en dresser une définition dont on verra qu’elle se décline sur plusieurs facteurs, sur un temps qui peut se révéler plus long qu’on le pense, ce qui rend son approche encore plus difficile. De la définition classique du corps médical, se détachera une mécanique assez complexe, qu’il sera bon de détailler pour en mesurer les effets dévastateurs et trouver des clés permettant de préserver le bien-être mental.

 

Une définition classique du burnout, un peu d’histoire et quelques chiffres prouvant l’ampleur du phénomène…

On retiendra la définition donnée par la Haute Autorité de Santé: le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel, correspond à “un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel”. Il se caractérise par un sentiment d’épuisement intense (se sentir vidé), un détachement émotionnel (une forme de cynisme vis-à-vis du travail) et une perte de confiance dans ses propres capacités. 

Le burn-out se distingue du bore-out essentiellement provoqué par l’ennui, du brown-out qui émane de la perte de sens de l’activité professionnelle. Cette distinction théorique aux limites floues, a souvent des conséquences similaires en matière de symptômes et se traduit par un déséquilibre de vie entre des charges à supporter dépassant des ressources psychologiques de manière durable.

Le terme a fait son apparition dans les années soixante, à partir des travaux du  psychanalyste new-yorkais Freudenberger. Les études de Christina Maslach et Susan Jackson en 1981 donnent une légitimité au concept de burn-out en créant un test en 22 questions qui permet de mesurer le syndrome d’épuisement professionnel. 

Ce sujet considéré comme sensible, est devenu un enjeu de responsabilité pénale des employeurs à l’issue de la vague de suicides, d’une trentaine de salariés chez France Telecom entre 2008 et 2009, suivi d’une dizaine de suicides chez Renault depuis 2013. Ces affaires ont contribué à la médiatisation de l’importance des risques liés au phénomène du burn-out, qui a subi également une accélération après l’épidémie du Covid.

En effet, d’après une enquête réalisée début 2022 par Opinion Way pour le cabinet Empreinte Humaine, 34% des salariés seraient en burn-out, dont 13% en burn-out sévère, ce qui représenterait 2,5 millions de personnes. 

L’augmentation du nombre de victimes de ce phénomène provient d’une multiplicité de facteurs et de leur durée, engendrant une difficulté supplémentaire de repérage.

 
Le burn-out : Une mécanique complexe aux aspects multiples

Les facteurs sont multiples et peuvent s’étaler dans le temps. C’est un déséquilibre qui fait pencher la balance dans le rouge et il n’est pas exagéré de dire qu’il existe autant de burn-out que de personnes.

La cause principale du burn-out est un déséquilibre entre des charges à supporter et des ressources psychologiques pour y faire face, les charges dépassant les ressources de manière durable. Il sera difficile de faire une liste exhaustive de tous les facteurs y contribuant en raison de leur multiplicité.

  • Des contraintes qui pèsent 

Le burn-out proviennent de facteurs professionnels, mais également personnels. 

Pour les facteurs professionnels, il peut s’agir des horaires, d’une surcharge de travail, de l’organisation du travail, de l’isolement, du style de management inadapté au salarié…. Des facteurs liés à l’environnement de travail, les contraintes liées au bruit, aux transports, au télétravail, le traitement inéquitable entre les personnes, le  harcèlement, les ressources insuffisantes pour travailler dans des conditions normales…

Les facteurs liés à l’environnement personnel: les problèmes familiaux, les charges à payer, la charge mentale du foyer pour les femmes, les injonctions sociales…

  • Des ressources qui manquent
  • Liées à l’environnement professionnel : La nature du travail en lui-même: un travail répétitif, une perte de sens du travail, le manque de pause, la pénibilité…
  • Le contrôle : aucune visibilité sur le travail, un manque d’objectifs…
  • Les relations interpersonnelles: la reconnaissance financière, le manque d’écoute et de remerciements…
  • Liées à l’environnement personnel: isolement par manque de proximité affective, manque de soutien des proches et de moments à soi, manque de sécurité financière et personnelle.
  • Liées à la culpabilité: Parfois, cela remonte à loin avec l’expression  “j’aurais dû” qui tourne en boucle.

 

De manière générale, quelques personnalités sont plus à risques que d’autres: les personnes perfectionnistes, pour qui la valeur travail est importante, les personnes addict au travail, les personnes fragiles physiquement et psychologiquement.

Ces fragilités seront d’autant plus mises en valeur qu’elles trouvent écho dans de nombreux symptômes physiques et psychiques.

 
Le burnout, des effets dévastateurs

Ils le sont d’autant plus, que le burn-out fait souvent l’objet d’un déni de la part des personnes qui en sont touchées, surtout au début, lié à la méconnaissance du phénomène et à un fort sentiment de culpabilité. Celles-ci se sentent la plupart du temps plus coupables que victimes, ce qui peut retarder la prise en charge du burn-out. On entend souvent “j’ai une situation, une famille, on devrait être heureux…” Les conséquences fréquentes sont l’isolement et la perte progressive de confiance en soi. Ce mal s’installe sournoisement et peut perdurer dans le temps avant de susciter un sursaut salvateur chez la personne concernée par ce trouble.

Le repérage s’effectue souvent lors de l’arrivée de symptômes physiques, très handicapants dans la vie quotidienne. 

Loin d’en donner aussi une liste exhaustive, on en ciblera quelques-uns, du sentiment de vide à la dépression et ses extrêmes. Il est important d’en repérer les premiers symptômes pour susciter une réaction à temps et ne pas négliger la gravité de ce trouble, qui reste encore considéré comme un syndrome, et non comme une maladie. 

Le principal symptôme est l’épuisement total. Les personnes touchées par le burn-out se sentent vidées, amenant la métaphore d’une batterie à plat qui se recharge de moins en moins. Du stress arrive avec son lot d’agressivité et de sautes d’humeur, des crises d’angoisse, pouvant aller jusqu’à des attaques de panique, se mettent en place accompagnées de maux de tête, spasmes intestinaux, ulcères, cystites, douleurs corporelles diverses. Des difficultés de concentration, des pertes de mémoire, des troubles du sommeil y sont fréquemment associés. Le corps ne réagit plus et il est fréquent de se trouver dans l’incapacité de se lever, voire de marcher ou de faire des tâches simples du quotidien. La confiance en soi disparaît avec une perte d’efficacité et le sentiment de ne pas savoir comment retrouver ses facultés mentales. Cette crise peut durer plusieurs semaines et parfois s’étendre sur plusieurs années.

Il est d’une importance cruciale de ne pas négliger ces symptômes et de comprendre qu’il est nécessaire de se faire aider et que tout cela n’est pas de la faute de la personne qui en est victime, encore moins à rattacher à un accès de fainéantise ou à un manque de volonté, croyances encore trop souvent associées à ce syndrome.

Sortir d’un burn-out n’est pas chose aisée, mais ce peut être l’occasion rêvée de s’interroger sur la nécessité de la préservation du bien-être mental.

 
Quelles sont les clefs pour sortir du burn-out?

Elles se situent à plusieurs niveaux et toujours associées à un lâcher prise, qui ne se fera pas immédiatement mais progressivement. Le premier niveau abordé est nécessité par l’urgence de la situation, à savoir s’arrêter de travailler, et ce n’est pas toujours aussi simple qu’il n’y paraît. 

Le deuxième niveau consiste à identifier tous les facteurs qui ont conduit au burn-out pour les déconstruire petit à petit, et cette étape prendra aussi le temps qui est nécessaire à une prise de conscience globale.

  • S’arrêter de travailler

Cela suppose  une acceptation qui doit se faire en plusieurs étapes. Il faut accepter que l’on est malade à cause du travail, et que l’on doit réagir. Il faut prendre conscience d’une souffrance refoulée et des symptômes que souvent la personne en burn-out refuse de voir. Il faut admettre que c’est temporaire, et que cela ne remet pas en cause la valeur, ni la compétence, ce qui s’avère difficile car la personne en burn-out n’a pas en elle cette capacité à ne rien faire. Or, cette première étape ne fonctionne que si “le burn-outé” accepte de se reposer et de “couper les ponts” avec le travail. L’arrêt de travail du médecin et le dialogue instauré avec lui est fondamental et constitue une première étape de cette prise de conscience.

  • Accepter que l’on est arrêté

C’est une étape cruciale qui peut prendre du temps, et que ce temps, nécessaire à une amélioration, est à respecter. Il faut apprendre à ne pas se blâmer, à prendre soin de soi et à ne pas chercher à revenir à l’état initial, car certaines choses vont forcément être amenées à changer.

La dernière étape de l’acceptation, et ce n’est pas la moindre, est d’accepter de se faire aider par le moyen qui vous convient le mieux (thérapeute, coach, sophrologue, groupe de paroles…). En effet, cette étape nécessite une prise de conscience globale de tous les facteurs possibles du burn-out, propres à chacun, et il est parfois important de procéder à certains éclairages avec une aide extérieure.

 

 
 
Mon oeil de psy sur le burnout 

Lors de mes entretiens, j’ai été confrontée à différentes situations de personnes victimes de burn-out dans leur milieu professionnel, que j’ai accompagnées..

L’une d’entre elles était victime de ce fait de la part de son supérieur hiérarchique,  tyrannique, voire manipulateur, qui méprisait systématiquement ses subordonnés dont faisait partie cette personne. Elle était systématiquement rabrouée en public dans les réunions, ou critiquée  en son absence auprès de ses collègues par ce même supérieur. Après une tentative d’explications, cela s’est aggravé au point qu’elle a dû s’arrêter de travailler pour se protéger, envisageant même de quitter son poste. Alternant cauchemars, agressivité envers son entourage, rumination mentale, elle est venue me voir dans un état d’épuisement total.

Une autre personne, exerçant une fonction d’encadrement,  était victime de harcèlement de la part de ses subordonnés, qui se sont alliés contre elle, la menaçant d’un rapport à son encontre. Elle s’était retrouvée débordée dans l’exercice de sa fonction d’autorité, n’osant pas poser les limites nécessaires. Dans l’incapacité de faire quoi que ce soit et d’exercer sa position hiérarchique, elle avait perdu toute confiance en elle, et de surcroît son autorité.

Une dernière personne victime de ce fléau m’a rapporté qu’après plusieurs années de bons et loyaux services dans sa société, la promotion qu’elle devait obtenir de par son ancienneté et expérience, était attribuée à un autre collègue qu’elle avait formée. Ce poste qu’elle souhaitait depuis toujours, devait lui être attribué au départ, de part sa compétence. En plus du stress et de ses manifestations diverses, le manque de confiance en elle s’était installé progressivement jusqu’à avoir des crises de jalousie injustifiées à l’égard de son conjoint amenant son couple au bord de la rupture.

 

Paradoxalement, dans ma pratique, j’ai pu constater que la reconstruction de la personne atteinte de burn-out passe par une déconstruction des facteurs qui ont conduit au burn-out. Toutes ces personnes avaient eu la présence d’esprit de s’arrêter de travailler et faisaient l’objet d’un suivi médical. C’était, bien sûr, la première étape indispensable. Mon suivi a consisté à les aider à prendre conscience des différents facteurs les ayant conduit au burn-out. Ces facteurs de prime abord étaient bien évidemment professionnels, le plus souvent liés à une non reconnaissance de leur travail ou à des difficultés relationnelles dans leur équipe de travail. Mais d’autres difficultés plus personnelles ont été mises à jour lors de nos différents entretiens, pouvant se greffer à l’ensemble, voire même aggraver le phénomène de burn-out. J’ai également pu constater que chacune d’entre elles étaient fortement investies dans son travail, culpabilisant même à l’idée de s’arrêter. La perte de confiance en elles était telle qu’elles allaient jusqu’à envisager une reconversion professionnelle, parfois même une démission, tant l’idée d’un retour sur leur lieu de travail leur était devenu insupportable.  S’arrêter de travailler et un retour sur soi est la première chose que je leur ai conseillée. Se couper de leur environnement professionnel et ne plus rien faire dans ce cadre, a été pour certains une épreuve difficile. Apprendre à ne rien faire et à prendre soin de soi a été parfois une découverte, voire un challenge. Une fois cette première étape franchie destinée à restaurer la confiance en soi, au travers de la réalisation de petites choses du quotidien, une introspection du passé a pu être réalisée. Identifier certaines failles ou facteurs de blocage, parfois inconscients, notamment une figure parentale défaillante ou destructrice, pouvait réveiller une insécurité déjà vécue dans le passé, se cristallisant dans le cadre du burn-out. 

 

Revisiter son passé avec la conscience qui l’accompagne a permis à la plupart d’entre eux de comprendre le pourquoi de ce “craquage” et de “booster” la confiance en soi en levant le verrou de la culpabilité.

Ma pratique a révélé que chaque burn-out est différent, car révélateur des failles d’une personne à ce moment précis. Il est donc indispensable que le burn-outé apprenne à les reconnaître comme causes potentielles de son burn-out pour s’en défaire progressivement. 

Mais simplifier la vie du burn-outé en le déchargeant du fardeau de la charge mentale est un effort parfois insurmontable pour lui. Il faut qu’il apprenne à se construire un environnement sécurisé et à reprendre confiance par l’accomplissement de petites choses au quotidien (sortir de chez soi pour une simple balade, cuisiner son plat préféré, démarrer un puzzle…). La volonté est importante, mais ne suffit pas toujours, car il faut avoir à l’esprit que tout n’est pas réglé dès le premier signe d’amélioration, et que cela peut prendre du temps. Ma tâche a donc été d’aider la victime du burn-out à remonter la pente progressivement. J’ai dû lui apprendre l’importance du lâcher prise pour lui montrer la nécessité de prendre soin d’elle. Faire les choses dont elle a envie, sans se forcer. Se construire un nouveau mode de vie, après avoir accepté le vide, le futile, le temps perdu. Apprendre à ne rien faire est souvent le plus gros challenge pour le burn-outé. Et pourtant ce fut le premier pas, suivi d’un pas puis l’autre, dont j’ai félicité la réussite et favoriser l’auto-récompense pour retrouver l’estime de soi (en notant, par exemple, ses progrès au quotidien sur un journal de bord…)

Pour finir,  je dirais que certains ont remonté la pente petit à petit, tandis que d’autres sont encore en arrêt,  mais à ma connaissance la plupart ont envisagé un avenir différent par le biais d’une reconversion ou d’un départ volontaire…

Un témoignage descriptif des sensations physiques et psychologiques d’un burn-out au sein d’une entreprise et de ses conséquences permet d’illustrer un cas parmi tant d’autres… Nathalie, mariée, mère de trois enfants, occupait un poste à responsabilité dans une grande entreprise. Convoquée un soir à 19h par son directeur général, elle apprend stupéfaite sa mutation à l’autre bout du monde, quasiment séance tenante..

Elle nous relate son ressenti dans les mois qui ont suivi cette annonce, l’état de choc dans lequel elle était, sa culpabilité envers sa famille  et l’envie de “ plus rien “ au quotidien. Elle prend peu à peu conscience qu’elle était assise sur un baril de poudre, à travers le fonctionnement  essentiellement manipulateur de son entreprise, à tous les niveaux. Ayant pris quelques risques dans l’entreprise qui avaient rapporté ses fruits, elle n’avait pas envisagé pouvoir être victime de la concurrence malveillante  de ses collègues qui en avaient pris ombrage.

Elle reconnaît s’être passionnée pour son entreprise et s’en veut de s’être oubliée dans sa folle ambition. Quatorze mois après, elle signait un accord de résiliation pour s’envoler vers d’autres cieux, en entamant une formation de pilote professionnel.

 
Quelques conseil de psy pour l’environnement de la personne victime de burn-out souvent dépassé…

Il faut apprendre à l’écouter en lui proposant de parler, s’il en exprime le besoin. Il faut garder l’esprit ouvert en faisant attention aux questions que l’on pose et aux conseils qu’il vaut mieux éviter de donner, sauf celui de se faire aider. Il est souhaitable également de le soulager dans les tâches du quotidien, en lui facilitant la vie.

Le burn-out peut donner lieu à des récidives, voire une entrée dans la dépression et des pulsions suicidaires. Il est donc important pour la personne qui en est la victime de surveiller son état compte tenu du déni qui l’entoure et de la forte culpabilité qui l’accompagne.

 Mes choix “coups de coeur”

Comme à mon habitude dans ces billets, je fais état de quelques-uns des choix artistiques qui ont retenu mon attention.

Du côté de la musique

  • « Burn out Sayonara » : “Burn Out (Sayonara)”  de Disiz la Peste, à la fois rappeur, écrivain et comédien, nous livre en 2014 l’importance de mettre un stop au burn out en évoquant un changement de programme…Ici,, jai particulièrement apprécié le changement de rythme illustré par le rap. D’une partie scandée pour exprimer le burn-out vécu comme un harcèlement contre soi-même alternant avec une partie plus calme où le changement de programme “Sayonara” s’installe dans l’urgence avec un retour au calme.

     

  • L’enfer de Stromae : ”L’enfer” de Stromae, chanteur belge touché par le burn-out qui l’oblige à quitter la scène en 2016 après un épuisement professionnel revient  sur  scène en 2022 avec son nouvel album “Multitude”. Il évoque dans cette chanson ses pulsions suicidaires, conséquences dramatiques de son burn-out. Il a dû toutefois arrêter sa dernière tournée en 2023 avec ces mots “Je dois aujourd’hui accepter que ce temps de repos et de rémission sera plus long que je ne l’imaginais”. Un nouveau constat qu’un burn-out peut récidiver et qu’il faut prendre conscience qu’on en ressort fragilisé. Stromae dans sa vidéo mime la montée progressive de la folie qui emporte sa tête, qu’il ne peut plus contrôler. La solitude et les angoisses le propulsent vers un enfer dont seule la pulsion suicidaire pourrait le soulager. Il met en scène sa propre douleur qui, comme à son habitude révèle son génie, mais dont le réalisme m’a personnellement bouleversée.

 

Du côté de la littérature

Les ouvrages sont nombreux et se sont multipliés ces dernières années. Nous en présentons quelques-uns d’entre eux, servant la plupart du temps de référence dans le domaine.

  • “Burn-out” (nouvelle édition de 2016): Ce livre écrit par une psychologue américaine, véritable pionnière dans le domaine, Christina Maslach, il y a 20 ans, dans lequel elle identifiait le syndrome d’épuisement professionnel en l’attribuant, à l’époque, plus à certaines professions (médecins, enseignants). Elle expliquait comment le travail peut épuiser nos ressources vitales et proposait  des solutions pour se prévenir et agir, avec l’idée novatrice qu’il faut soigner autant l’individu que l’environnement professionnel. Elle a notamment élaboré un outil de mesure destiné à évaluer le niveau d’épuisement professionnel. En effet, le test de Maslach comporte 22 phrases représentant des sentiments à propos de notre travail en indiquant la fréquence à laquelle ils ont été ressentis au cours des derniers mois.
  • Se reconstruire après un burn-out: les chemins de la résilience professionnelle” (2022) :livre de Sabine Bataille, sociologue du travail, consultante ressources humaines et coach, propose un guide pratique destiné à la personne ayant subi un burn-out pour se reconstruire ainsi qu’à l’ensemble des intervenants sur ce sujet. Elle relate successivement le temps du décrochage avec ce qu’elle définit comme une chute dans le vide, le temps de la reconstruction et la traversée du désert, le temps du retour en se protégeant, enfin le retour vers le futur à travers l’aide au sein de l’entreprise et en dehors d’elle, pour un éventuel changement de métier ou d’orientation.
  • « Prévenir et soigner le burn-out pour les nuls »(2022) : livre de Marie Pezé, psychologue et psychanalyste dans lequel elle expose le mécanisme de ce syndrome, ses symptômes, les thérapies à mettre en place pour y remédier et comment réorganiser sa vie pour ne pas reproduire le schéma douloureux. Elle attribue les causes principales du burn-out à l’organisation du travail et à la financiarisation de l’entreprise. Elle insiste sur  le fait que de nombreux accidents du travail sont causés par le burn-out et dénonce l’utilisation des outils de la finance pour évaluer le travail réel, trop éloignés de la réalité du terrain.

 

Du côté du cinéma

Les films que nous citerons abordent de manière parfois indirecte le burn-out, mais participent néanmoins à une sensibilisation sur ce phénomène.

  • ”15 jours ailleurs” : téléfilm français réalisé en 2013 par Didier Bivel nous évoque le burn-out d’un cadre mis sous pression, puis sur la touche par sa hiérarchie. L’explosion du burn-out a lieu violemment en pleine réunion, le diagnostic de burn-out est posé par un psychiatre. Avec l’accord de sa femme, ce cadre se retrouve dans un hôpital psychiatrique, drogué de médicaments face à une équipe médicale débordée. L’aspect humain interviendra avec une rencontre incongrue au sein de cet hôpital qui aidera le malade à s’ouvrir et se relever.

  • “L’hôpital au bord du burn out” : film documentaire réalisé par Jérôme Lemaire en 2017 qui a passé deux ans au sein de l’unité chirurgicale d’un grand hôpital parisien et capté le mal être général des aides soignants aux chirurgiens. Il explore les mécanismes qui provoquent le burn-out dans le secteur hospitalier, en passant en revue le stress chronique, la tension au sein des équipes de travail jusqu’à l’explosion finale du burn-out et les risques psychosociaux en résultant. La force du film réside à mon sens dans le fait qu’il se place au plus près du personnel soignant, sans aucun commentaire. Il ne montre pas les patients, mais se concentre sur les employés, victimes dans leur ensemble de l’objectif de rentabilité des hôpitaux.

  • “Un autre monde” : film réalisé en 2021 par Stéphane Brizé, aborde le thème de l’univers impitoyable de l’entreprise et la multiplication du nombre de burn-out chez les cadres supérieurs, sujet encore trop d’actualité de nos jours.

    Un cadre d’entreprise performant d’un groupe industriel ne sait plus répondre aux injonctions de sa direction. Les exigences de rentabilité de l’entreprise depuis des années pèsent sur ce cadre entraînant par ricochet une perturbation de son équilibre familial (déscolarisation de son fils, demande de divorce de sa femme). Sur le plan professionnel, l’arrivée d’un nouveau plan de restructuration d’entreprise  de sa direction lui impose de dégraisser une partie du personnel créant une pression supplémentaire. C’est un film sur la pression qui me semble merveilleusement s’adapter à un acteur comme Vincent Lindon plus stressé qu’à son habitude, et à sa femme délaissée au bord de la cinquantaine triste, incarnée par Sandrine Kimberlain. Leur fils est également au bord de la déroute dans ses études. Un effet boomerang du stress professionnel qui bascule toute une famille au bord du burn-out. C’est, à mon sens, un sujet brûlant d’actualité, traité avec beaucoup de retenue.


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Le mot de la fin 

Pour conclure ce billet comme à mon habitude je m’adresse à vous et vous propose de nous rejoindre sur nos réseaux sociaux ou par mail afin de partager d’autres exemples de films, séries, chansons, bandes dessinées sur vos émotions et témoignages sur ce thème de plus en plus répandu qu’est le burn-out. Si vous ressentez le besoin de parler ou que vous vous reconnaissez dans la définition du burnout, de ses signes et de ses effets, n’hésitez pas à en parler dès maintenant. Cela semble bateau mais je ne le répèterai jamais assez : mieux vaut prévenir que guérir! 

 

« La fatigue est une affaire d’âme! Une teinte appliquée sur le corps pour indiquer le climat intérieur »

 (Georges Cartier)

 

Références :

Épuisement professionnel ou burnout. Foire aux questions – Risques – INRS. (s. d.). https://www.inrs.fr/risques/epuisement-burnout/faq.html

Humaine, E. (2022, 28 mars). Courrier cadre & # 8211 ; 2,5 millions de salariés sont en burn-out sévère après deux années de crise sanitaire. Empreinte Humaine. https://empreintehumaine.com/courrier-cadre-25-millions-de-salaries-sont-en-burn-out-severe-apres-deux-annees-de-crise-sanitaire/

Les ressources complémentaires sur le même thème – Publications et outils – INRS. (s. d.). https://www.inrs.fr/publications/complement-autres-ressources-2013.html?planClassement=3a4&typedata=CataloguePapier&skipMod=true

Poplavsky, A. (2023, 11 mai). Stromae et le tabou du burn-out des artistes.  https://www.republicain-lorrain.fr/culture-loisirs/2023/05/11/stromae-et-le-tabou-du-burn-out-des-artistes

Psychologue.net. (s. d.). Burn-out – Psychologue.net. Psychologue. https://www.psychologue.net/burn-out

Tout savoir sur le burn-out, le syndrome d’épuisement professionnel. (s. d.). Fondation Pour la Recherche Médicale (FRM). https://www.frm.org/fr/maladies/recherches-maladies-neurologiques/burn-out/focus-burn-out